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Édito du Maire
Lors d’une récente conférence de presse, j’ai eu le bonheur de présenter la programmation estivale de la mairie du 15/16. Intitulée « le 15/16 à l’heure d’été », elle rassemble un éventail très large d’activités pour l’ensemble de la population. Du sport, des fêtes dans nos quartiers, nos écoles et nos villages et bien sûr du cinéma, des festivals, de la lecture, du théâtre bref de la culture sous toutes ses coutures.
La jeunesse, construire pour elle une véritable politique émancipatrice et de nature à réduire les inégalités qui la traverse, est la priorité politique de mon mandat de maire de secteur. La culture est l’outil pour y parvenir.
Au delà de sa dimension et de valeur propre sur laquelle je reviendrai plus loin dans ce texte, la culture est l’outil adéquat pour trois raisons :
La première, c’est que la culture crée du lien. J’ai l’impression d’écrire ici une évidence mais il me semble important de le rappeler. La culture relie les individus, fait tomber les frontières économiques, culturelles, sociales. Nous sommes tous sensibles au beau et la culture est, avec le sport, l’un des derniers espaces où nous pouvons vibrer, ressentir les mêmes émotions aux mêmes moments au-delà de nos différences.
La seconde, c’est que la culture crée de l’égalité. Face à l’art, à la création et au beau, nous sommes tous intrinsèquement égaux. Bien sûr, des inégalités dans l’accès se creusent selon le milieu social qui est le nôtre. Mais je refuse que nous cantonnions la culture à des disciplines pour une certaine élite. Car si cette élite a effectivement un usage familier de la culture, cette dernière, par sa puissance émancipatrice, regarde chacun et concerne tout le monde.
La troisième, c’est que la culture crée du mouvement, de l’animation. La culture irrigue un territoire et le fait vivre. Elle structure sa géographie, son aménagement, elle lui permet de se développer et surtout elle rythme ses différents temps.
Il n’aura échappé à personne que dans nos arrondissements, le chantier pour que ces trois dimensions de la culture fonctionnent est immense. Notre retard est conséquent. La politique culturelle que nous développons à vocation à le combler.
Notre politique culturelle part d’une conviction profonde pour atteindre un objectif précis. Notre conviction c’est qu’empiler quelques dispositifs culturels sans lien entre eux et sans cohérence avec le territoire ne fait pas une politique culturelle. Une réelle politique culturelle, et c’est l’objectif que nous nous fixons, se doit être l’action de la puissance publique pour permettre à tous les publics de rencontrer des œuvres. De rencontrer l’art, de rencontrer ces œuvres qui libèrent, qui vont nous construire, changer notre regard sur le monde et la société et parfois même notre vie.
Pour nous, mairie du 15/16, notre action pour atteindre cet objectif porte sur trois domaines :
Le premier, c’est agir sur l’offre proposée aux habitants du secteur. Chacun sait que notre territoire souffre d’un manque profond de transports en commun. Cette injustice contre laquelle nous luttons de toutes nos forces doit néanmoins être prise en compte dans l’offre culturelle proposée aux habitants. Nous devons permettre, malgré ce handicap, aux habitants du 15/16 un accès facile et rapide à la culture de proximité.
Concrètement, ça signifie créer, dans nos quartiers, les structures qui permettent la culture du quotidien. C’est le sens de l’école de musique que nous avons créé dans le 16e arrondissement il y a un an et de celle que nous allons ouvrir bientôt dans le 15e.
Agir sur l’offre proposée c’est aussi travailler sur la tension entre la création et la diffusion, entre l’atelier et la devanture. Depuis longtemps, notre secteur est un lieu de création culturelle. Des compagnies connues dans le monde entier montent et préparent leurs projets dans notre secteur. Pourtant, une fois la création prête, c’est ailleurs qu’elle est diffusée. Réduire cette tension, faire de notre territoire à la fois un lieu de création et de diffusion est un objectif central de notre politique culturelle. C’est le sens du travail que nous avons entamé avec la Cité des arts de la rue qui, maintenant depuis plusieurs années, propose des créations dans notre secteur et notamment, en partenariat avec la mairie de secteur dans le parc François Billoux.
Cette action, je tiens à le préciser, se conjugue avec notre volonté de permettre, en parallèle, aux habitants de s’emparer et de participer aux grandes manifestations culturelles organisées sur l’ensemble de la ville de Marseille et la métropole. Je parlerais plus loin de la charte culture qui contribue à cette volonté mais je pourrais aussi citer, pour exemple, la participation des élèves de l’école de la musique au festival jazz des cinq continents.
Le second, c’est d’agir sur la cohérence globale de la politique culturelle. En effet, dire que les habitants doivent voir une œuvre ce n’est pas une politique culturelle. Mettre une œuvre ou un équipement culturel à proximité de chez eux ne suffit pas non plus. La politique culturelle est un tout. Le bâtiment ne fait pas le projet politique. Il est bien sûr nécessaire, même le plus souvent indispensable, mais il ne peut tenir lieu de politique. Nous devons proposer une politique globale, qui accompagne chacun dans son parcours culturel, qui donne goût et l’envie d’utiliser les équipements construits. Il y a une dimension d’éducation indubitable dans la politique culturelle. Pour accompagner chacun, pour faire sauter les réticences et les barrières que peuvent se fixer de trop nombreux citoyens. C’est le sens du projet que nous développons sur la lecture publique. Il y a quelques années, nous avons eu le bonheur d’inaugurer la bibliothèque Salim Hatubou au Plan d’Aou. Cet équipement est merveilleux, l’équipe qui l’anime très compétente. Mais sans une politique globale sur la lecture publique, son sens et son intérêt pour le territoire est limité. Notre politique sur la lecture publique s’incarne par des événements en direction du jeune public comme Parc en Livre ou Lir’o Parc et par le projet que nous sommes en train de développer sur la Villa Mistral dont je vous parlerai très prochainement. Le but de cette politique de la lecture c’est faire découvrir les livres, la lecture, le plaisir et le bonheur qu’ils peuvent procurer pour conduire ensuite ces jeunes vers notre bibliothèque et de permettre à cette dernière d’élargir le cercle de ces utilisateurs.
Le troisième, c’est d’agir sur le coût que peut représenter la culture. Sans un action forte et efficace sur cet aspect, toute la promesse d’égalité et de fraternité que porte la culture sera trahie.
La mairie du 15/16 fut pionnière sur cette question du coût, notamment en étant à l’initiative de la charte de la culture avec le festival de Marseille. Ce dispositif permet aux habitants aux faibles ressources des 15/16 arrondissements de profiter de billets aidés délivrés à 1€. C’est dans la même logique que dans la maison de la musique dont je vous parlais juste avant les tarifs sont très modiques. C’est un coût pour la mairie de secteur, un budget important, mais que nous considérons avant tout comme un investissement et les moyens de construire l’égalité réelle.
Je pourrais parler encore longtemps de notre politique culturelle, mais plus qu’un discours, je vous invite tous à venir la vivre. Tout au long de l’année bien sûr, mais commençons par la programmation du « 15/16 à l’heure d’été ». Gratuite, éclectique, dans nos quartiers, … Elle illustre l’ambition qui est la nôtre. Celle de permettre à tous, jeunes et plus âgés, riches ou pauvres, un égal accès à la culture et à l’art. À cet art qui émancipe, qui libère, qui permet à chacun de s’évader des souffrances et des contraintes du quotidien, qui nourrit les rêves des enfants et les espoirs de leurs parents.
Nadia Boulainseur